mercredi 7 novembre 2007

Pop-Star-Wars


-Paris, dans la langueur d’un mercredi soir-

L’un des phénomènes les plus intriguant de la vie parisienne reste, de l’avis de Fred et moi-même, les concours de chants auxquels s’adonnent étudiants, roumains, espagnols, italiens, chômeurs, chômeuses,…et même parfois il y a des musiciens, des vrais (si si !) dans les rames mises à notre disposition par la RATP.

Tout le monde a en tête l’image d’Epinal du jeune et fougueux esthète de l’art qui, à mon image, part à la capitale conquérir le monde. Mais il est des passagers de la RATP (déjà évoqués précédemment dans ce blog) comme du jury de la Nouvelle Star : ce sont des cons, au mieux des briseurs de talents. Comment ne pas reconnaître à 7 h 00 du matin le génie vocale de celui qui vient vous chanter dans les oreilles le Temps des Cerises ? En fait, le côté pittoresque du chanteur de la RATP a un petit peu disparu.




Attention, je mets mes lunettes de réac façon Jean Pierre Koff et je dis que maintenant ce que l’on voit dans le métro C’EST DE LA MERDE. En effet, avant il y a avait une certaine authenticité du bonhomme qui venait, avec son violon pourrit s’installer dans une rame pour venir faire un peu de musique. Aujourd’hui, ce qui est navrant c’est que c’est devenu presque institutionnel, voire professionnel. Pour preuve les magnifiques petits badges que chaque artiste doit porter pour avoir le droit de chanter dans les transports en communs. Attention, c’est réglementé, pas question de chanter n’importe quoi, c’est DU Aznavour, DU Céline Dion OU la Cucarachas. Si vous ne me croyez pas vous pouvez voir ici : Casting



Comme au rugby, la professionnalisation n’a pas que du bon. Il suffit pour cela de voir débouler dans une station Ramonez, il arrive en sueur de la rame précédente, sachant qu’il y a environ 1 minutes entre chaque station. Les portes à peine fermés il lance à plein volume son ampli qui ne ferait pas envi à Manu Chao lui-même. Une fois la bande son de la Cucarachas sus-cité enclenchées, ce quidam d’un teint sud américain se lance dans la réalisation de le Cucarachas (déjà deux fois sus-cités pour ceux qui suivent) à l’aide d’une guitare et d’un harmonica en même temps. Ce qui est assez sportif, le bonhomme ne pouvant se retenir à rien, les mains pleines quand le rame bouge, il fait des pieds (et pas des mains en toute logique) pour ne pas interrompre d’une note sa musique tout en ne tombant pas sur les passagères du métro à proximité.




Scène cocasse je vous l’accorde, d’autant plus que le quiddam déjà plusieurs fois cité, une fois la rame arrêtée se lance dans une quête express avant de changer de rame et de recommencer. Au maximum deux stations par rame. Ce qui fait approximativement un concert toutes les trois minutes. La classe.

Je passe sur les diverses interprétations les plus originale d’Aznavour et de la Cucarachas que l’on peut entendre avec toute sorte d’instrument hétéroclites.
Je passe également sur le groupe de péruviens / équatorien / argentins / sioux / apaches / pakistanais / corses (rayez les mentions inutiles) qui arborent poncho et play-back tonitruant à la station Cluny-Sorbonne, n’attirant mon intérêt que lorsqu’une touriste australienne vraisemblablement éméchée se mit à danser un slow avec l’un d’eux.





Non, je ne finirai pas complétement réac. Si, en effet j’avoue supporter moyennement Céline Dion et son massacre (ligne 4, station Montparnasse-Bienvenue), un jour, un de ces quiddam a fendillé mon cœur de pierre, pourtant sec comme la roche de la steppe balayée par les vents un soir chaud d’automne quand le soleil se couché sur l’immensité herbacée.



-Transilien, ligne N- 21h37, direct Sèvres Rive Gauche, arrêts Vanves-Malafoff -> Clamart -> Meudon. -


Il arrive, grisonnant, sec, veste jean, une guitare. Il commence alors le miracle dans la tristesse des regards hagards de la rame. Le miracle, la grâce, la baraka c’est le fait de suspendre l’ordre naturel des choses, rompre un déroulement immuable. C’est ce que cet homme, ce soir de déprime de lundi soir fit. Il annonce : « Brassens » Je n’ose écrire ce qu’il s’est passé. Moi qui m’attendais à un écorcheur, je suis tombé sur un orfèvre. Georges n’a put que mieux dormir dans son cercueil, en paix. « Cupidon s’en fout » et « Les copains d’abords », simple, classique, efficace, sans fioriture, ont fini par me ressusciter, à faire revivre en moi la flamme de la foi en l’être humain (du moins dans sa dimension musicale).




Imaginez l’écho provoqué en moi par cet aventurier de la musique alors même que je lisais les pages de Bob Dylan, Une Biographie du très bon et très camilleguérinien François Bon. Ce mec devant moi reprenait Brassens comme une religion. Dylan, dans les pages que je lisais alors reprenait Woody Guthrie comme une religion. Ce genre de mise en abîme, ça vous sauve une journée (dans la mesure ù vous branlez la nouille intellectuellement trouve une quelconque grâce à vos yeux).





-la question qui se pose maintenant est : comment finir un tel post ?-




Vous comprendrez alors, à la lecture de ces lignes, ainsi que des précédentes (qui sur un blogue, vous l’aurez remarqué ne se situent pas au dessus mais en dessous s’agissant des posts précédent, ce qui fait qu’en finissant de lire le nouveau on retourne sur l’ancien, l’inverse même du livre) c’est que j’ai un contentieux avec la Ratp, mais aussi avec la Sncf. Contentieux qui ne risque pas de mollir avec les divers grèves et débrayages de la semaine prochaine.

Pourtant, entre moi et la superstructure, un arc-en-ciel est né, semblable à celui qui symbolise l’Alliance entre Moïse (avant qu’il ne se débauche) et Dieu, ce rainbow warrior, c’est :



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